Préface

Éduquer le citoyen de demain

Un nombre important environ 100 000 jeunes tunisiens quittent l’école sans aucune qualification. Les membres de l’ACDR, issus pour la plupart du secteur éducatif, ont décidé de lutter contre ce fléau qui gangrène la société tunisienne, notamment les couches sociales les plus défavorisées.

Pour concrétiser cette volonté, l’ACDR a signé une convention avec le ministère de l’éducation ,qui permet à ses membres d’intervenir dans les écoles des quartiers populaires pour animer des ateliers de philosophie pour enfants issus des familles défavorisées.
Il est utile de préciser que ces membres ont d’ores et déjà suivi une formation qui leur a permis d’acquérir les outils inhérents à la technique d’animation d’ateliers.
Dans cet opuscule, comprenant deux textes, nous présentons aux acteurs éducatifs à la fois:
– l’atelier de philosophie pour enfants
– Et comment on le prépare et on l’anime

Présentation d’un atelier philosophique pour enfants dans les écoles primaires

1-Qui?

Association citoyenne pour un Dialogue Réfléchi (ACDR) créés en vertu de l’article 88- 011 du 24 septembre 2011.
Elle a pour objectif d’accompagner des élèves en difficulté scolaire dans les quartiers défavorisés, pour leur transmettre les valeurs citoyennes telles que: l’égalité, la solidarité, la justice.

2-Comment?

Ces ateliers sont animés par les membres de l’association, issus pour la plupart du secteur éducatif et formés au sein de l’IPP (l’Iinstitut des Pratiques Philosophiques).

3- Pourquoi?

Deux objectifs majeurs caractérisent le dispositif de l’accompagnement scolaire que nous avons la volonté de mettre en place:
– L’instauration d’une dimension réflexive chez les enfants: Les pousser à analyser par eux-mêmes certains sujets, à en dialoguer avec leurs amis en respectant les règles qui régissent les ateliers
– L’éducation à la citoyenneté et au vivre ensemble, en assimilant des valeurs universelles telles que: la tolérance, l’égalité, la liberté…

Quelle est l’utilité de l’atelier philosophique ?

Penser à parler ensemble peut s’apprendre dès le plus jeune âge. Les ateliers philosophiques participent à la construction de la personnalité, en clarifiant le rapport que l’enfant entretient avec le monde qui l’entoure et avec les autres.

La pensée et la parole permettent d’être avec les autres

Par un travail sur les attitudes, l’enfant est capable de prendre sa place pendant des échanges:

  • Se mettre en position d’écoute
  • Oser demander et prendre la parole
  • Lever le doigt afin de ne pas couper la parole, mais aussi ne pas lever le doigt quand quelqu’un parle afin d’être dans l’écoute.

Les élèves même les plus jeunes, sont amenés à comprendre l’intérêt de ces règles exigeantes.
Écouter l’autre permet d’apprendre de lui, exprime un intérêt pour sa parole, montre qu’on le respecte. L’élève apprend à s’oublier lui-même pour aller vers l’autre.
Pendant l’atelier les enfants prennent conscience que la parole a du sens.
 “je prends la parole pour dire quelque chose”
Prendre la parole c’est : dire ce que l’on ressent, donner une idée, exprimer un avis, argumenter (dire pourquoi). Bref, c’est penser par soi-même, c’est le” je” qui parle. Non pas le “je” qui exprime l’anecdotique” j’ai des nouvelles chaussures” ou un besoin compulsif mais celui qui permet d’exprimer une pensée, une idée, un avis…

La pensée et la parole se construisent collectivement

L’atelier de philosophie pour enfants doit être dynamique et inclusif, il prend au fur et à mesure le caractère d’une communauté de recherche pour avancer ensemble dans la réflexion.
Il se traduit dans les faits par:
– Répéter, reformuler la question ou la consigne et expliquer ce que l’on cherche, sur quoi l’on réfléchit
– Donner une idée qui répond à la question posée. Répéter une idée. Dire une idée différente.
– Dire si l’on est d’accord ou pas d’accord en donnant un argument.
-Pouvoir dire “je ne sais pas”, prendre conscience de ses incompréhensions. Peu à peu le ” je ne sais pas” n’est plus une attitude d’évitement , il prend un véritable sens et permet de travailler sur l’erreur et les difficultés acceptées.

Le rôle du praticien

  • Animer l’atelier autour d’un thème choisi auparavant qui sera abordé au début de l’atelier sous forme de question ou bien choisir un autre support pour lancer le dialogue.
  • Poser les questions qui permettent d’avancer le dialogue et qui corrigent aussi certaines attitudes(oui ou non et pourquoi? ),( d’accord ,pas d’accord et pourquoi?)
  • Veiller à ce que tous les enfants participent
  • Essayer de faire réaliser à l’enfant l’ inanité de certaines réponses avec lesquelles nous n’avançons pas, exemple: (c’est comme ça ,je n’ai rien compris”…
  • Encourager les enfants à donner leur avis en toute confiance
  • Maintenir l’ordre lors de la prise de parole en groupe.
  • Travailler sur les attitudes lors de l’atelier

Installer le rythme de la réflexion

Lors des premières séances, le travail sur la forme et les attitudes nécessite de prendre le temps ,au début, on apprend à positionner son corps afin de pouvoir penser.Par exemple: poser ses mains à plat sur ses cuisses pour ne pas jouer avec les divers objets? se tenir bien droit pour se mettre en position d’écoute. Peu à peu le rythme de la réflexion s’installe.
1- Attitude de l’enfant dans l’atelier philo:
L’enfant est tenu de respecter les règles qui garantissent le bon déroulement de l’atelier pour que tout le monde puisse en tirer les meilleurs profits.
Par conséquent, il doit:

  • Etre à l’écoute de l’autre: Enfant(amis) ou adulte: (professeur, animateur de l’atelier)
  • Suivre une consigne et y répondre: Ce qui l’aidera ultérieurement à comprendre le sujet d’une dissertation,  ne pas être hors sujet.
  • Donner un avis favorable ou défavorable.  Dialoguer autour d’un thème, utiliser la compétence de l’argumentation.